« DES GAINS DE PRODUCTIVITÉ EN TROUPEAU MIXTE AVEC LE ROBOT »
Le passage de la ration complète à une complémentation individualisée, permise par le robot de traite, a généré des gains de productivité laitière au sein du troupeau composé d'un quart de holsteins et trois quarts de normandes.
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A L'INSTAR DE 34,5 % DES ÉLEVAGES NORMANDS, Hervé et Thomas Mesnil misent sur un troupeau mixte. Il est actuellement composé de 74 normandes et de 19 holsteins. « L'effectif est en phase de croissance pour répondre à l'augmentation régulière de notre droit à produire, souligne Thomas. Cette année, la laiterie a annoncé une rallonge de 10 % et nous attendons de connaître sa stratégie pour l'après-quotas. Dans ce contexte, la holstein nous permet d'être plus réactifs sur les volumes. Aussi, l'objectif est de maintenir cet équilibre à un quart de vaches holsteins pour assurer les litrages avec 98 places en logettes. »
Fin 2011, pour faire face au départ d'un associé, deux robots de traite sont installés. Jusqu'à cette date, le troupeau était conduit en ration complète avec une moyenne d'étable de 7 491 l/VL à 42,3 de TB et 35,8 de TP, soit, à ration égale, une production pour les normandes de 7 237 l, 42,3 de TB et 35,9 de TP et pour les holsteins de 9 047 l/VL, 41,3 de TB et 34 de TP. « Dans ce système qui reposait comme aujourd'hui sur le maïs, plus 2 à 3 kg d'herbe,la ration complète était calée sur les besoins des normandes. C'est-à-dire que nous travaillions avec 1 kg de céréales, sans concentré de production, et n'hésitions pas à forcer sur le tourteau de colza, complété par 1,5 kg de tourteau tanné. La conséquence était des normandes un peu grasses en fin de lactation et des holsteins enregistrant une perte d'état marquée au moment du pic de production. »
« UNE PERTE D'ÉTAT MARQUÉE SUR LA HOLSTEIN »
En effet, les races bouchères comme la normande ont, certes, un niveau de production inférieur, mais aussi plus de capacité à mobiliser leurs réserves corporelles. Ceci explique qu'il est possible de moins forcer sur l'énergie, notamment en début de lactation. En revanche, ces animaux sont sensibles au déficit d'azote soluble nécessaire pour stimuler la production laitière. L'équilibre de la ration complète dépend donc des performances recherchées et de la proportion d'animaux de chaque race : « Avec une part importante de normandes et un maïs de qualité, l'éleveur pouvait travailler sans concentré, explique Landry Régnault, conseiller Littoral normand conseil élevage. À l'inverse, avec une dominante holstein, renforcer les apports énergétiques vise à maintenir le niveau de production, mais aussi l'état corporel. Le calage de la ration complète en troupeau mixte implique donc d'être vigilant sur l'évolution de l'état d'engraissement, du taux d'urée du lait, des indicateurs TB/TP et des bouses. En l'absence de Dac, cette pratique de rationnement a sa place, si les objectifs de production sont modérés. Mais dès lors que l'on cherche des performances élevées, il faut s'orienter vers une seule race ou individualiser la complémentation ».
« DE L'AZOTE SOLUBLE À L'AUGE ET DU TOURTEAU TANNÉ AU ROBOT »
Sur l'exploitation, la traite robotisée impliquant le passage à une ration semi-complète coïncidait avec la volonté d'augmenter le niveau d'étable. Désormais, la ration de base hivernale se compose de 12 kg de MS de maïs, 3 kg d'ensilage d'herbe, 1 kg de foin, 1,3 kg de correcteur (60 % soja et 40 % colza) et 50 g d'urée, pour une production permise de 18 kg de lait (0,90 UF/kg de MS et 75 g de PDI). La complémentation est distribuée au robot (voir tableau) à partir d'un concentré de production, de tourteau tanné et de propylène. « Il y a toujours une part d'herbe dans la ration, ensilée ou pâturée, qui assure un apport d'azote soluble, en complément du correcteur et d'une faible quantité d'urée. C'est ce qui a conduit à miser au robot sur le tourteau tanné (1 UFL, 320 g de PDIN et 300 g de PDIE) pour stimuler la production laitière sans créer de déséquilibre PDIN/PDIE. »
En été, les vaches laitières sont mises à l'herbe fin mai, après les premières coupes d'ensilage. Mais les 15 ares/VL disponibles sont insuffisants pour fermer le silo. C'est pourquoi elles conservent un minimum de 9 kg de MS de maïs.
« MON OBJECTIF : 120 VACHES ET 1 ML »
À l'issue de la première campagne robotisée, l'individualisation de la ration a favorisé l'expression du pic de lactation. En 2012-2013, le troupeau a produit 8 049 l à 41,9 de TB et 34,2 de TP, et les derniers comptages du printemps laissent apparaître une moyenne laitière de 8 400 l. Avec 10 340 l, les holsteins ont particulièrement bien répondu à cette évolution, tandis que les normandes plafonnent à 7 392 l. La consommation d'aliments (1 650 kg/VL et 70 €/1 000 l) est supérieure à la moyenne du contrôle laitier (1 440 kg et 59 €) et le recours à des matières premières de qualité n'est pas sans impact sur le coût. « Cette situation s'explique en partie par la difficulté de bien gérer la mise à l'herbe en première année avec le robot, concède l'éleveur. En outre, notre objectif consiste cette année à produire les volumes davantage qu'à optimiser la consommation de concentrés. Tout n'est pas calé, mais en travaillant sur l'étalement des vêlages, tout en améliorant la productivité laitière, à terme, l'exploitation a un potentiel d'un million de litres sans investissement en bâtiment ni remise en cause de l'équilibre des races. »
JÉRÔME PEZON
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